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Ștefan S. Gorovei | p. 63–76

Connexions culturelles à Poutna au XVIIIe siècle

Abstract

Une petite découverte très récente permet à l’auteur de compléter de manière inattendue la biographie d’un lettré moldave du XVIIIe siècle, qu’il a lui-même mis en lumière en 1986: Grigoraș (Grégoire), chancelier de la Métropole de Moldavie (mort en 1793), auteur, traducteur et copiste de plusieurs ouvrages dont les idées intéressaient les intellectuels de l’époque. Il était considéré comme le meilleur spécialiste des documents d’un caractère plus spécial (par exemple, les plaintes adressées à la Sublime Porte); il est tenu aussi pour un des auteurs du soi-disant acte synodal, forgé vers 1786–1787 et attribué à un Synode qui aurait eu lieu à Jassy le 1er janvier 1752.
 
Jusqu’à présent, on pouvait seulement soupçonner ses relations avec les moines du monastère de Poutna, par le biais du cercle animé par l’évêque de Roman, Leon Gheuca, dont il partageait les idées et les intérêts culturels et politiques. Cet évêque avait pris l’habit à Poutna et pour animer la riche activité culturelle, dont il fut le patron éclairé, il avait invité à Roman plusieurs moines de son couvent-mère capables d’écrire des textes et de traduire des livres qui pouvaient donner une expression littéraire à ses projets. Or, on voit bien que notre Grigoraș était très attaché à ce cercle, puisqu’il a copié (voire, multiplié) certaines traductions réalisées pour Leon Gheuca.
 
Une note datant de 1772, qui vient d’être publiée tous récemment, prouve ses relations directes avec la communauté monacale de Poutna et permet d’avancer les recherches concernant ces connexions culturelles, en reliant l’activité de Grigoraș aux activités développées à Poutna. Le 15 février 1772, il a offert à son «excellent (distingué) ami» (alesului meu prieten) le hiérodiacre Missael de Poutna un exemplaire dédicacé d’un livre bien prisé à l’époque et qui venait justement de sortir aux imprimeries de la Métropole de Jassy; dans sa dédicace, Grigoraș ajoute un détail important: il donnait ce livre au hiérodiacre Missael pour que celui-ci se souvienne de lui (întru sămn de aduceré aminte cea pentru mine), ce qui nous laisse entrevoir non seulement des rapports cordiaux et amicaux, mais aussi, peut-être, une collaboration sur le terrain des lettres.
 
À partir de cette constatation, il faudrait reprendre l’examen de certains documents de Poutna, dont l’authenticité se trouve, depuis beaucoup de temps, sous l’ombre d’un doute.


Keywords

Grigoraș, hiérodiacre Missael, Leon Gheuca, livres, Monastère de Poutna, traductions



Article from the journal
The Annals of Putna, XV, 2019, 2


 
The cover of the journal The Annals of Putna, XV, 2019, 2