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Maria Magdalena Székely | p. 251–260

La reconstruction du Monastère de Poutna – «projet national» ou geste du pouvoir ?

Abstract

L’auteur se propose d’examiner les deux reconstructions du Monastère de Poutna, aux XVIIe et XVIIIe siècles, en essayant d’établir qui a eu l’initiative des travaux et qui a supporté les dépenses. L’analyse porte sur des sources bien différentes: chroniques, correspondance officielle, documents de la chancellerie princière, diptyques. Aucune d’entre elles ne suggère que les princes de la Moldavie sous les règnes desquels furent entrepris les travaux – Vasile Lupu (1634–1653), Gheorghe Ștefan (1653–1658) et Eustratie Dabija (1661–1665) – auraient fait de grandes dépenses ou qu’ils auraient montré un grand intérêt pour le chantier. Mais Poutna était une fondation princière et une nécropole où reposaient trois souverains de la Moldavie. Un tel édifice ne pouvait être démoli et rebâti que par un prince. Dans ces conditions, en tant que représentants du «pouvoir souverain», comme successeurs d’Étienne le Grand – le fondateur (ktitor) du monastère –, les trois princes ont seulement «bien voulu» que l’église de Poutna soit refaite. Mais l’effort et les dépenses appartenaient au monastère, qui disposait d’ailleurs de l’argent et des moyens nécessaires pour entreprendre les travaux. C’est pour cette raison qu’aucun des trois princes mentionnés ne fut considéré comme le second fondateur (ktitor) de Poutna. C’est à un autre personnage que fut accordée cette qualité: le métropolite Jacob, qui, en 1755, a commencé une nouvelle étape de reconstruction à Poutna. Mais le métropolite, lui, ne pouvait pas se placer dans la même succession d’Étienne le Grand pour revendiquer le droit de fondation et pour restaurer le monastère. Ainsi fit-il appel à la mémoire d’une autre figure exceptionnelle du passé, le métropolite Théoctiste Ier, celui qui a consacré l’autel de Poutna et qui, mort en 1478, était enterré là-bas. En conclusion, tant au XVIIe qu’au XVIIIe siècle, l’initiative de restaurer Poutna vint de l’intérieur du monastère, de la part de ceux qui vivaient et priaient entre ses vieux murs. Mais les moines avaient besoin d’un facteur qui légitime du point de vue juridique et idéologique leurs interventions sur une fondation princière. Ce facteur pouvait être soit un prince laïque, soit un prince de l’Église.


Keywords

droit, ktitor, légitimation, Poutna, pouvoir



Article from the journal
The Annals of Putna, X, 2014, 1


 
The cover of the journal The Annals of Putna, X, 2014, 1