IX, 2013, 2



Histoire imaginaire de Poutna dans l’obituaire de la Métropole de Moldavie (1754) | p. 75–92


Keywords
Iacov, Métropole de Moldavie, Nathanael, obituaire, Poutna

Abstract

L’obituaire de la Métropole de Moldavie fut réalisé sur l’ordre du Métropolite Iacov et écrit en mai 1754 par son collaborateur, le hiéromoine Nathanael; tous les deux appartenaient à la communauté monastique de Poutna. Selon la coutume, le nouvel obituaire aurait dû être une copie enrichie de l’ancien obituaire, déjà bien rempli de noms. Mais les créateurs de l’obituaire de 1754 n’ont pas eu la chance de trouver un tel document: ils ont dû refaire la liste des métropolites de Moldavie en utilisant des sources qu’ils n’indiquent pas. L’analyse de cette liste prouve l’emploi de certaines sources historiques authentiques, qui ont fourni des noms réels et contrôlables, mais les auteurs n’ont pas pris aucun soin quant à la succession exacte et la chronologie des métropolites. Par conséquent, ils ont accepté des erreurs flagrantes (par exemple, un pontificat d’environ 60 ans pour Théoctiste Ier, tandis que les sources authentiques, accessibles même en 1754, lui accordent seulement 25 ans: 1453–1478). À deux endroits, dont la chronologie (même relative) reste absolument obscure, les auteurs ont introduit deux groupes de métropolites (huit et cinq, en succession ininterrompue) sortis, selon eux, du même Monastère de Poutna. Selon la coutume, ces métropolites auraient dû remplir premièrement la charge d’higoumènes de ce monastère et passer aussi quelque temps à la tête d’un des trois évêchés moldaves (Roman, Rădăuţi, Huşi). Mais les noms de ces personnages – dont les pontificats devraient être placés au cours des XVIe et XVIIe siècles – semblent être introuvables dans toutes ces listes. En guise de conclusion, l’auteur se permet d’avancer une hypothèse. L’obituaire métropolitain de 1754 reflète, selon lui, un fragment d’histoire imaginaire du Monastère de Poutna. Dans les circonstances politiques du temps, on avait besoin de renforcer le statut de ce fameux monastère qui se trouvait à la tête des monastères „nationaux”, en rivalité avec les monastères dédiés aux Lieux Saints et gouvernés par les Grecs. Avoir donné 13 archevêques, une fois huit et encore une fois cinq se succédant l’un après l’autre, pouvait être une forte attestation de ce statut. Ce n’est pas, donc, par hasard qu’en 1757 on affirme nettement à Poutna le privilège (que ce monastère aurait eu depuis toujours) de fournir les candidats pour les évêchés du pays.